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Production orale
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TRAIT D UNION Les élus locaux ont pris le train de la TRAIT D UNION TRAIT D UNION
bourge : apocope de
bourgeois (péjoratif), personne
gentrification en marche
qui expose son aisance
C’est un phénomène de colonisation des quartiers populaires matérielle et financière au
par des populations d’un rang supérieur : une petite bourgeoisie travers de signes extérieurs de
intellectuelle, avec du capital scolaire, culturel et intellectuel. richesse
Son arrivée a pour effet d’en repousser la population vivant
initialement dans ces quartiers à mesure que le logement devient REPÈRES
plus cher.
Au départ, il s’agit d’un phénomène spontané : cette petite La mixité des quartiers :
un enjeu de société
TRAIT D UNION d’universitaires, ne peut pas se payer le luxe des logements TRAIT D UNION TRAIT D UNION
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bourgeoisie intellectuelle, d’artistes, de journalistes ou
L’espace urbain a toujours
des beaux quartiers et commence à s’installer là où l’habitat est
reflété les inégalités
moins cher. Les promoteurs y ont ensuite vu une occasion de
sociales, et la structuration
faire monter les prix de l’habitat à mesure que les logements
des villes donne à voir
se libéraient. On l’a d’abord observé dès les années 1950-1960
dans l’est de Londres ou à New York dans le quartier de Brooklyn les grands clivages
socioéconomiques
et dans le Lower East Side. D’où le terme anglais dont il est issu : et ethnoraciaux qui
« gentry » signifie « petite propriété », mais c’est aussi un terme structurent nos sociétés.
ironique pour parler des « bourges ». Dans la métropole
Aujourd’hui, les élus locaux ont pris le train de la gentrification parisienne, le phénomène de
en marche en mettant en œuvre des politiques souvent « ghettoïsation par le haut »
appelées de « renouvellement urbain », qui prennent la forme montre la mobilisation
TRAIT D UNION l’existant mais en l’adaptant pour en faire un cadre de vie adapté des élites pour se mettre TRAIT D UNION
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de programmes de rénovation et de réhabilitation. On restaure
à l’écart : les personnes
pour de nouveaux habitants, en réaménageant l’intérieur des
les mieux rémunérées et
logements par exemple.
C’est à ce moment-là que le processus de gentrification opère :
des voisinages de plus en
à l’extérieur, on voit petit à petit apparaître de nouveaux types les plus diplômées ont
de commerce « branchés », des galeries d’art, des cafés. L’espace plus sélectifs au fil du temps.
public est lui aussi aménagé, on décide de la piétonisation de Ces espaces sont marqués
certains espaces, on ajoute des pistes cyclables... par la prédominance
Même si on parle de politiques de « renouvellement urbain », des classes supérieures
c’est aussi une politique de renouvellement du peuple car en leur sein. À l’inverse,
cela s’est par exemple accompagné de politiques ambiguës les classes moyennes et
les fractions supérieures
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en matière de logement social. Les mairies, celles de Paris en
TRAIT D UNION particulier, se sont mises à installer des catégories de logements TRAIT D UNION TRAIT D UNION
des classes populaires
sociaux accessibles à une très large portion de la population
vivent majoritairement
française, ce qui a pour effet d’en exclure ceux qui en ont le plus
dans des espaces « moyens-
besoin.
mélangés ». En France, 76 %
La gentrification est le fait de toutes les villes métropolisées :
Lille, Rennes, Nantes, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Lyon... des cadres sont concentrés Production orale
dans les villes. Plus on
À Paris, le Marais, ancien quartier populaire et pouilleux, et s’éloigne des pôles urbains
aujourd’hui habité par des ménages très aisés, a été l’un des plus la part des classes
premiers concernés par le phénomène. De nos jours, c’est très populaires (ouvriers et
présent dans le 18 arrondissement de Paris à Château-Rouge, employés) augmente.
e
par exemple, quartier où l’immigration sub-saharienne est
importante, encore marqué par la présence de populations
TRAIT D UNION enrayer la délinquance sont régulières, tandis que la mairie TRAIT D UNION TRAIT D UNION
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défavorisées. En ce moment, les opérations policières pour
pouilleux : dans la plus
commence à racheter des immeubles qu’elle va reconstruire ou
extrême pauvreté ou saleté
rénover. C’est également fort autour du bassin de la Villette dans
enrayer : freiner, arrêter
le 19 arrondissement, où vivaient de nombreux ouvriers des
e
carrières de plâtre ou des abattoirs. On y a vu deux cinémas MK2
s’installer, on peut bruncher sur des péniches le dimanche matin...
D’après lemonde.fr (entretien avec le sociologue
et urbaniste Jean-Pierre Garnier)
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