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TRAIT D UNION





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          Femmes et hommes
          Femmes et hommes
 TRAIT D UNION                  TRAIT D UNION                               TRAIT D UNION                               TRAIT D UNION
              se muer : se transformer
                                              8 Des terrains sportifs aux skate-parks, en passant par les

              belliqueux : combatif, agressif,
                                             lieux rock ou les ateliers de graffiti, les structures publiques de
              provocant
                                             loisirs organisés se muent le plus souvent en « maisons des
              se leurrer : se faire des illusions
                                             hommes », tournant autour d’un leader charismatique et excluant
                                             ouvertement les femmes. On prétend souvent que celles-ci sont
              rétif : résistant, rebelle,
                                             présentes dans ces lieux, mais notre paresse intellectuelle nous
              insensible
                                             trompe : on ne compte pas les hommes, comme on ne compte pas les
                                             Blancs dans une foule, poursuit Yves Raibaud. En réalité, leur nombre
                                             stagne, et les pouvoirs politiques préfèrent naturaliser ce constat, en
                                             prétendant que les filles s’épanouissent mieux en intérieur, quand
                                             les garçons auraient besoin de se dépenser. Cette idée de canaliser la
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                                             violence des jeunes garçons dans des activités positives est ancienne,
                                             il suffit de penser au scoutisme. Mais en réalité, ce traitement finit par
                                             construire les problèmes qu’il prétend résoudre : la réunion de garçons
                                             entre eux suscite de l’excitation, de la violence, et finalement de
                                             l’exclusion, de l’homophobie et de la misogynie.
                                              9 Quant aux jeunes filles, leurs loisirs sont le plus souvent

                        LEXIQUE              dévalorisés, quand ils ne sont pas tout simplement négligés par
                  Les discriminations        l’État, faute de subventions : sur 4 € d’argent public dépensés pour
                        de genre             les jeunes, 3 le sont pour les garçons. En 2014, l’année même où on
               la discrimination fondée sur   a voté une TVA réduite sur les billets des matchs de foot, celle-ci était
 TRAIT D UNION genrée           TRAIT D UNION                               TRAIT D UNION                               TRAIT D UNION
                                             relevée à 20 % pour les centres équestres. Or ceux-ci sont fréquentés à
               le sexe, la discrimination
                                             90 % par des jeunes filles ! En revanche, on subventionne allègrement
                                             les salles de hip-hop, les city parks et autres lieux des « cultures
               la discrimination positive
                                             masculines ». Notre société met un soin et un argent considérables
               la domination masculine
               le patriarcat
               le machisme,                  pour s’assurer de la reproduction des modèles de genre.
                                              10 Faut-il pour autant en conclure qu’aucune évolution n’est
               un machiste/macho (fam.)
               la misogynie, un misogyne     possible, que rien n’a changé depuis l’éducation brutale et
                                                               e
               le préjugé, le cliché,        belliqueuse du 19  siècle que décrivait l’historienne Anne-Marie
               le stéréotype                 Sohn dans son essai Sois un homme ! (Seuil, 2009) ? Il y a quelques
               le sexisme, le langage        inflexions du côté de la paternité, souffle Sylvie Ayral, mais il ne
               sexiste                       faut pas se leurrer : les choses évoluent en réalité assez peu. Il suffit
 TRAIT D UNION le harcèlement de rue TRAIT D UNION                          TRAIT D UNION                               TRAIT D UNION
               l’homophobie
                                             de regarder les catalogues de jouets de Noël pour constater que
               la violence à l’égard des
                                             la division sexuelle subsiste encore clairement. Et si la sociologue
               femmes
                                             concède que de plus en plus de filles investissent des champs qui
               le harcèlement sexuel,
                                             leur étaient jusque-là interdits, elle rappelle que l’inverse est encore
          GÉNÉRATIONS GÉNÉRATIONS  les hommes (gender gap)  à l’idée de déviriliser les garçons. Beaucoup de parents seront tentés
                                             loin d’être vrai. Il existe encore une panique profonde de la société
               l’écart entre les femmes et
                                             d’emmener leur petit chez un psy s’il préfère jouer à la poupée. Cela
                                             peut partir d’une bonne intention, de la peur qu’il souffre toute sa vie si
                                             jamais il devait être gay, ou bien hors des cadres virils. Mais ce faisant,
                                             ils perpétuent une norme qui génère beaucoup de douleur. Car derrière
                                             ce mot, « les garçons », il n’y a souvent qu’un petit groupe de garçons
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                                             dominants, tandis que les autres sont relégués aux marges, avec les
                                             filles. Pour ceux-là, rétifs au règne viril, l’être mâle peut parfois se
                                             résumer à un vrai mal-être.
                                                                                         Julien Bisson, Le 1, n° 179






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